mardi 17 septembre 2024

 Trail des 4 montagnes (UTV) 2024 avec Adrien

Troisième course avec mon pote Adrien après le marathon du Mont Saint Michel en 2012 puis l'Echappée Belle (parcours des crêtes) en 2017. Cette fois, on s'attaque au "petit" parcours de l'UTV, le Trail des 4 montagnes (53k, 2800m). On avait pensé d'abord faire le marathon de la Jungfrau en Suisse mais le coup total de l'épreuve (inscription, voyage et hôtel) nous ont un peu refroidi. On va courir local et c'est meilleur pour la Planète. Une semaine avant je fais une sortie du Sappey avec 21 kms et un peu plus de 1000m de d+. Elle se passe super bien même si en partant tard, je dois réduire la distance à cause de la tombée de la nuit (j'avais prévu 31k et 1800 de d+). Bon je suis quand même un peu rassuré vu que je me suis surtout entrainé cette année pour le triathlon avec beaucoup de sorties sur du plat et jamais plus de 15 kms. 

Adrien arrive la veille et comme d'habitude, après une journée de travail à Montbonnot, on file vers Decathlon La Tronche pour les derniers achats de ravitaillement. On dîne des sucres lents (des pâtes quoi) au Sappey et on va dormir en bas (il y a un festival à côté de chez moi et j'ai un souvenir douloureux d'un UTV après les Baluchons sous mes fenêtres). On finit de préparer le matos pour ne rien oublier le lendemain dans le stress des championnats du monde de Lans en Vercors et dodo. :-)

Le lendemain avant l'aube on file vers Lans en mangeant notre gâteau-sport d'Overstim. Dans la montée de Lans on voit un vélo avec un sac dans le dos, un traileur encore plus écolo que nous. On arrive 1h30 avant le départ pour récupérer les dossards et on trouve une place de parking à 200m de l'arrivée, cool.


20' avant le départ on se place dans le sas de départ et on oublie l'échauffement, de toute façon la journée va être longue. Il y a un échauffement proposé par l'organisation mais bof aussi. :-) On applaudit chaudement les bénévoles et l'organisation avant le départ. On est placés vers la moitié.

A 8h, ça part tranquille sur la route et le peloton s'étire doucement. On sait que ça va grimper dès le début et du coup c'est pas la peine de s'énerver. Adrien est plus calme que pour l'Echappée Belle et il part tranquille.

Dès le début je sens que les sensations ne sont pas terribles mais bon, je n'ai pas eu un entrainement de trail trop important cette année et c'est normal que je ne sois pas aussi fringuant que pour l'Echappée Belle.

On commence par une bonne montée jusqu'au Pic Saint Michel. Les premières rampes sont assez douces et avec quelques parties en faux plat ou même plates. On monte assez tranquillement et je surveille le pulsemètre. Je fais aussi attention à l'hydratation et l'alimentation mais bon, ça va j'ai l'habitude. Je sais par ailleurs que le premier ravitaillement est super loin (21ème) après la grosse descente du Pic Saint Michel et une longue partie en faux plat descendant. Adrien est toujours en vue même s'il continue à doubler. Par contre dans cette montée je ne suis pas super à l'aise et surtout je ne double quasiment pas alors que d'habitude, en partant derrière je remonte facile dès que la pente augmente en bon Chartroussin que je suis. Je mets ça sur mon manque d'entrainement en trail. 




La fin du pic Saint Michel est vraiment technique et très pentue mais la première difficulté sera passée. On arrive en haut et le vent est vraiment fort. Pour l'instant tous les feux sont au vert même si je ne suis pas transcendant. Je retrouve Adrien qui profite de la vue sur Grenoble et sa région avec un grand soleil. S'en suit une descente abrupte style avec pas mal de rochers. Je descend tranquille avec le souvenir de ma chute sur l'UTV 2022 avec une fracture de la main en prime. Adrien s'éloigne doucement et je ne l'ai plus en point de mire. Pas grave on se retrouvera plus tard. 


Après cette descente technique on a une longue portion de plat/faux-plat descendant et l'allure augmente. Je reste prudent car on est encore loin de la moitié du parcours. Je remonte sur quelques concurrents moins rapides. Je sens que je bute sur plusieurs pierres et manque de me mettre par terre quelques fois. C'est pas bon signe sur ma lucidité. La fin de cette portion avant le ravitaillement est plus pentue en descente et surtout avec des racines. Dans une descente à l'ombre je me prend une racine et fait un vol comme la dernière fois. Cette fois, je me rappelle les conseils du chirurgien qui m'avait dit de ne pas refrapper la main gauche (j'ai toujours la plaque et une nouvelle fracture serait moins facile à opérer) et je met le coude en avant. Résultat je tape coude gauche, genou et coude droit. Je sors quelques grossièretés et je m'en veux de me prendre un râteau aussi nul. Je me relève rapidement et repars tranquille en regardant s'il n'y a pas trop de dégâts. Soupir.

J'arrive enfin au premier ravitaillement et je sais qu'il est avant la grosse difficulté de la course. Cette fois les voyants sont au rouge et je sens que je suis en hypo complet. Pas grave, je sais que ça peut revenir. Adrien est arrivé depuis plus de 5' mais je sais qu'il va falloir refaire le plein sérieux. Franchement ça me gonfle et je ne comprend pas quelle erreur j'ai fait. Je me suis alimenté correctement, j'ai respecté les allures et je ne me suis jamais mis dans le rouge et une hypo si tôt dans la course, c'est un peu incompréhensible. Je sais que ça peut revenir vu que je l'ai déjà subit mais bon, je ne suis plus en confiance et le moral est un peu dans les chaussettes même si je n'en fait pas cas. On est au 21ème et il reste 32 bornes. Glarg.

Après avoir fait une bonne pause on repart et ça monte assez doucement mais après un virage à gauche, on se prend un mur d'anthologie avec une piste noire à remonter droit dans la pente. Il est midi et ça cogne un peu. Les allures de tout le monde chutent et on commence à en voir qui se posent dans la pente pour récupérer alors qu'ils nous ont doublé juste avant. Je sais que ça n'est pas une bonne idée et que ça va être chaud pour repartir dans une telle pente. Je sais qu'on a la petite Moucherolle comme prochain sommet et pour l'avoir faite dans l'autre sens il y a longtemps, je sais que ça va être la grosse difficulté du jour. Je ne suis pas super confiant là tout de suite mais bon, on n'est pas là pour acheter du terrain.


Après la piste noire on arrive à une bifurcation vers la gauche et je vois les coureurs devant moi qui attaquent une grosse montée avant la petite Moucherolle et l'escalade qui se profile. Il y a deux bénévoles qui nous arrêtent et qui nous disent qu'on vient juste de louper le cut-off pour 5'. :-( Je suis partagé entre le soulagement d'éviter un mur alors que je suis dans le rouge complet et la frustration de ne pas faire le parcours complet. Ils nous disent que ça ne change rien en distance comme en dénivelée mais bon, les derniers à passer sont encore visibles et on se dit qu'en trainant moins au ravitaillement on passait à l'aise. Les coureuses et coureurs qui sont avec nous râlent mais ça ne change rien.

On repart pour une bonne côte avant d'attaquer la descente avant le deuxième ravitaillement du col de la Balme. Pour l'avoir faite en montée, je sais que la descente va être encore sport. Je monte toujours à deux à l'heure sur les piste de ski. Je dis à Adrien qu'il aurait dû partir devant pour pouvoir monter le Moucherolle. Il est sympa et me dit qu'on le refera en rando un autre jour ou sur la même épreuve. Je lui dit que c'est quand même mal barré pour que je re-signe pour un 53 (oui, là j'en ai un peu marre de faire des hypos si tôt dans une course si longue).

On arrive au check de la bifurcation vers la descente et on voit ceux qui ont eu la chance de faire la petite Moucherolle. On attaque la descente tranquille et ça double de nouveau. Le début est sur une piste de ski mais rapidement on attaque le single que je craignais. Il est comme dans mes souvenirs avec des rochers et des racines partout et une pente d'enfer. On rattrape un chemin classique. Avant le ravitaillement, un coureur que je double se prend un râteau d'anthologie, un peu comme le mien qui m'a offert une fracture. Je m'arrête pour voir si tout va bien. Il me dit que ça va mais se met à cramper illico. Je lui demande s'il a besoin d'aide mais refuse. Je repars dans la descente vers le ravito.


J'arrive enfin au ravito, toujours pas dans une forme olympique. Adrien prend des nouvelles et je lui réponds "pas mieux". Je prend le temps de bien me ravitailler et de faire le plein des flasques. Il reste quand même plus de 20 bornes et je me dis que ça va être long (et j'avoue chiant à ce moment de la course vu ma forme). Je sais qu'il y a un dernier ravitaillement à Bois Barbu pas très loin et que ça sera le dernier avant l'arrivée. Il n'y a plus de grosse difficulté (enfin je crois) et de toute façon on va finir c'est sûr mais en combien de temps ?

On repart en trottinant vers l'arrivée et Adrien s'éloigne de nouveau. C'est bon j'ai l'habitude maintenant. :-) Curieusement, je trottine pendant quelques kilomètres et d'un coup bizarrement je n'ai plus cette sensation d'être à vide. Je me surprends à doubler de nouveau et même à courir d'un bon train. Je me retrouve avec deux jeunes et je les double franchement, un des deux s'accroche et on part assez vite. Je reprend confiance et je suis comme si la course démarrait maintenant, aucune douleur aux jambes et le réservoir plein. Je coure maintenant à bonne allure et je reviens sur Adrien dans un faux plat montant. Il a l'air surpris de me voir passer à l'aise. Je lui dit que je ne comprend pas mais bon, je ne vais pas me plaindre maintenant après 20 bornes de galère. Je suis aussi à l'aise dans les montées que dans les descente et je suis vraiment bien. Le corps a quand même des réactions bizarres. J'ai déjà connu ces regains de forme dans des sorties longues en course ou en vélo mais pas de manière aussi flagrante et brutale.

On arrive au dernier ravitaillement à Bois barbu et je dis à Adrien qu'on va pouvoir recourir sérieux. Lui n'a pas l'air aussi à l'aise et il me demande si j'ai pris un coup de fouet ou autre potion magique. Ben c'est ça le pire, je n'ai absolument rien changé depuis le départ. Miracle ! Je lui dit qu'on ne traine pas au ravito et je lis dans ses yeux qu'il pense que j'ai pris de la drogue. :-) En fait, je ne veux pas trop m'arrêter et profiter de ce regain de forme avant une explosion possible avant l'arrivée.

On repart enfin du ravito après avoir refait le plein puisqu'on n'aura plus rien pendant 15 bornes environ. On a un bout de route et là je me lâche total. Je pars à 4'45" dans la descente et je double du monde. Bon ils/elles doivent croire au bluf vu que les même m'ont vu complètement cramoisi 10 bornes avant mais bon, je me fais plaisir et je profite de mon entrainement route de cette année.

Après une bonne descente et un peu de faux plat, on repart pour une bonne montée dans les bois. Je me sens toujours super bien. Je peux courir en montée et je suis euphorique. Adrien a maintenant du mal en montée mais celle là est quand même moins dure que les précédentes. Mais bon, ça fait quand même mal après plus de quarante kilomètres. Moi par contre, à part une ou deux crampes que je sens pointer mais que j'arrive à maitriser, tout va bien. Je parle avec tout le monde (comme d'hab quand je ne suis pas agonisant) et j'encourage ceux que je double. J'attend Adrien régulièrement et je l'encourage pour cette montée que je crois être la dernière (j'ai mal lu le profil en fait). On croise un couple en VTT qui tente de descendre au milieu des coureurs et je leur dit qu'ils ont bien choisi leur jour pour faire ce single. :-)

On arrive enfin en haut et je me dis qu'il ne reste plus que moins de 10 bornes de descente et de plat. Adrien me dit qu'il reste une côte mais à ce moment là je pense juste au faux plat avant d'arriver à Lans (super le repérage du parcours). En arrivant sur la piste entre Villard et Lans je me dis qu'il reste plus que ça pour terminer et rejoindre l'arrivée. Ah non, on tourne à droite ? Oula ça remonte. Ma montre me prévient qu'il reste 110 m de d+. Effectivement, c'est pas terminé. Bon c'est pas ça qui va nous arrêter maintenant, surtout avec la forme retrouvée.

Arrivé en haut de cette montée, on commence à entre le bruits de l'arrivée et on aperçoit le clocher de Lans, ça sent l'écurie. Adrien se remet un peu mieux et on coure dans la descente. Au passage on tombe sur une maison retapée magnifique et on félicite la propriétaire. Ca fait envie ce spot. Reste une dernière descente assez abrupte dans les champs qui fait bien mal aux cuissots mais ce coup ci on voit l'arche d'arrivée. On se fait doubler par les premières féminines du 80 qui terminent au taquet sous les encouragements de leurs proches et de leur équipe. Elle envoient.

On passe enfin l'arrivée ensemble et je pousse Adrien devant pour le passage de la ligne pour qu'il soit classé devant. On se remercie mutuellement pour les encouragements dans les moments difficiles et surtout le partage. Franchement c'est quand même trop cool de partager une journée comme ça à deux. Bon ok, il y a 20 kms au milieu que j'ai apprécié moyen mais le résultat est là. On est allé au bout et ça nous éclate.

On a les jambes bien amochées quand même et moi quelques traces de ma chute. On récupère une bière méritée et en rentrant au Sappey on a la (grosse) bière et la pizza pour se remettre. On se fait pas prier car ça va bien les barres et les gels pendant 10h15. On débriefe la course et on se dit que ça serait cool de refaire une épreuve ensemble et pourquoi pas la JungFrau. 




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