jeudi 24 septembre 2020

 Glandass trail 2020

Cette année et avec la pandémie, on compte sur les doigts de la main les dossards pris. Même si j'ai toujours la même motivation, la plupart de mes courses sont annulées ou reportées à l'an prochain. Ne parlons pas des triathlons et duathlons pour lesquels c'est le zéro absolu cette année en ce qui me concerne pour mon année de reprise. Pas de bol mais pas bien grave non plus, on verra l'année prochaine. Parmi les courses annulées, il y a le trail des 3 Pucelles que je devais faire avec Lucie en duo sur le 15k. Ça aurait été sa première course post-bébé. On décide cependant d'en trouver une autre dans l'année mais c'est un peu le calme plat.

Parmi les courses sur lesquelles je suis inscrit, il y a le Glandass Trail pour lequel je suis ambassadeur depuis quatre ans (je fais partie des finishers de la première édition) et je suis inscrit comme prévu sur la Pano-Vercors (83k, 5200 d+). Même pendant le confinement, je poursuis l'entrainement même si c'est pas avec des volumes délires. Après le 11 mai, je reprend plus sérieusement et j'augmente doucement les distances. Quelques séances de 30k en Chartreuse avec du dénivelée passent pas mal mais je me dis que c'est quand même mal barré pour un 83 (surtout avec les barrières horaires "assez" serrées là bas). On fait quelques sorties avec Lucie en trail ou sur route et ça passe pas mal. Elle prend confiance et augmente doucement le volume de son côté.

L'organisation m'avertit que la course aura bien lieu avec des contraintes liées à la pandémie. Bel exploit et belle ténacité d'arriver quand à organiser une course actuellement. C'est vraiment cool et il faut applaudir Jack Peyrard l'organisateur et les bénévoles! Trop cool !

Quelques jours avant la date fatidique, je demande quand même à passer sur le 37k pour prendre plus de plaisir et ne pas risquer de passer à travers comme l'an passé. J'en parle à Lucie et je lui propose de le faire ensemble. Quelques jours avant le départ elle s'inscrit. C'est parti !

La veille, la pression (et l'angoisse) monte chez elle. Moi je suis assez tranquille, je connais bien la première partie du parcours (c'était la même il y a deux et trois ans sur le 60k et la suite n'a rien d'insurmontable. Je sais que je peux tenir facile la distance et le dénivelée. Elle part plus dans l'inconnue car ça fait quelques années qu'elle n'a pas fait long et puis il y a les deux ans post-bébé assez chaotiques côté entrainement. Par contre, je sais qu'elle a un fort mental et les entrainements en montagne se sont bien passés, même parfois avec des parcours difficiles.

Le jour arrive enfin et on part tôt le matin pour récupérer les dossards sans trop de pression. En arrivant c'est cool de revoir Châtillon, Jack l'organisateur en chef et surtout goûter l'ambiance d'avant course. Je croise Jérôme Lassale (le futur vainqueur du 37) et je me dis que ça va cavaler devant. On se place sur la ligne de départ plutôt vers la fin du peloton car le 17 part en même temps que nous et je préfère qu'on gère le départ sans s'enflammer.

 

 

Le départ est donné, et c'est pas la foule dense et ça s'étire doucement dans la traversée de Châtillon sous les encouragement du public. J'ai bien repéré le parcours et je sais qu'on débute par 600m de d+ (une des deux grosses côtes du parcours). Je la connais bien pour l'avoir fait 2 fois déjà sur une distance plus longue. Je dis à Lucie de gérer et qu'on accélérera plus tard si on peut. L'ascension se passe pas mal. On monte assez rapidement quand même en doublant ceux qui sont partis un peu vite. Parfois on se fait doubler par des concurrents du 17 qui accélèrent brutalement en nous atomisant pour mourir 1 km plus loin. Bonjour la gestion. :-) La montée est assez longue mais régulière. Elle nous met bien dans l'ambiance. J'encourage Lucie pour la motiver. Il fait assez chaud et ça transpire dur. Ça promet pour la suite. 




On arrive enfin en haut sous les encouragements bruyants d'une bénévole et ça fait du bien. Il y a deux montées dans cette première boucle et la deuxième un peu moins longue. On a une longue descente et c'est le point fort de Lucie. Est-ce que je vais réussir à suivre ? Elle est raisonnable (cette fois) et me suit à distance. Je lui demande si on double et j'ai un feu vert. J'accélère donc et je double quand je peux mais ça n'est pas toujours facile vu que c'est souvent un single assez escarpé. On a pas mal de concurrents du 17 autour de nous et on entend souvent "allez, plus que 5 km!". Euh, nous on n'est même pas à la moitié. :-) On est maintenant dans un groupe de filles qui font le 17 et qui envoient pas mal dans la descente.

Arrivés en bas, Lucie me dit qu'elle s'est un peu mis dans le rouge. Bon j'avais fait la même chose il y a deux ans en suivant les premières féminines avant un gros coup de chaud. Je lui dit de gérer avant la remontée et on temporise. On a de nouveau une bonne côte à monter avec 200 de d+ supplémentaires et quelques gros pourcentages suivi d'un single vallonné avant de retour sur Châtillon et l'attaque du second tour. Cette première montée est un peu dure à passer et on se calme sur la suite. Les concurrents du 17 qui sentent l'écurie commencent à nous doubler en nous disant à chaque fois que c'est bientôt la fin alors qu'on est en pleine gestion. Le dernier coup de cul avant la descente du Châtillon calme pas mal quand même mais je sais que le ravito est bientôt et surtout l'ambiance de la traversée du village va nous motiver. On attaque la descente un peu technique en trottant quand même et je suis content qu'il ne pleuve pas. On prend cette descente assez tranquille du coup et on arrive enfin vers le village. On entend au loin le speaker et ça sent bon.

Comme prévu on est bien encouragés durant la traversée du village et ça fait du bien. Je suis un peu à sec côté flotte et le ravitaillement va faire du bien. On décide de faire une petite pause pour se remettre de la première boucle et en prévision de la seconde qui n'est pas vraiment plus facile. Pendant le ravitaillement on regarde les coureurs du 17 qui en terminent et on se dit qu'on en a encore un moment avant de revoir l'arrivée. La plupart ce ceux qui étaient avec nous étaient sur le 17 en fait. Pour moi tous les signaux sont au vert et j'ai hâte de découvrir la deuxième boucle. Lucie a un peu du mal à se remettre de la première boucle et surtout de l'accélération dans la grande descente. On va continuer à gérer, surtout que je sais qu'on a une grosse montée à venir avec de nouveau 600m de d+ et cette fois avec une grosse chaleur. Le speaker annonce que les premiers du 37 ne sont pas très loin et que Jérôme Lassale a repris la tête. Ça calme quand même ! :-) 


Après avoir discuté avec les bénévoles du ravito et avoir refait le plein, on repart vers la deuxième partie dont la première côte s'annonce un peu dure. Du coup on repart tranquille et on re-trotte dès que le terrain s’aplatit. Par contre on n'est plus beaucoup sur le parcours. Comme prévu après un kilomètre la côte arrive. Il fait vraiment chaud et les pierres claires des chemins renvoient la chaleur comme toujours dans la région. Lucie accuse le coup et ralentit. C'est le cas aussi des autres participants autour de nous. Je me rappelle d'il y a deux ans quand j'avais pris un gros coup de chaud dans cette même côte et fait une pause de 20' sous un arbre. La montée est vraiment longue, dure et la température augmente avec le soleil qui tape. On fait quelques pauses au cours de la montée. On n'est pas les seuls. On rattrape un concurrent arrêté au bord du chemin et qui n'est pas au mieux (je passe les détails sur les problèmes gastriques). On lui demande si ça va aller et ça a l'air de ne pas être grave (mais je me dis que la fin va être dure pour lui). On fait le yoyo avec un autre concurrent qui nous rattrape avant de s'arrêter de nouveau. Finalement Lucie reprend du poil de la bête et on continue à grimper seuls dans la chaleur. On a certaines parties plus faciles ou en descente où on peut trottiner, ça fait du bien. On arrive enfin au sommet et on décide de récupérer un peu.



Et là c'est le drame. Le concurrent qu'on avait lâché arrive et nous dit que le serre file n'est pas loin et que les concurrents à la traine ont fait demi tour. Gasp! Lucie prend un gros coup au moral (elle est quand même plutôt habituée à être devant) et elle commence à parler abandon. Je lui dit que c'est le moment de lâcher, qu'on est à l'autre extrémité du parcours et que de toute façon on a fait vraiment le plus dur et que d'abandonner ça va juste nous filer le bourdon pour le mois qui suit (au moins). On repart en courant (plutôt rapidement) et effectivement on voit débarquer un coureur chargé de rue-balise. Il nous dit que c'est pas un problème, que quelqu'un pourra nous ramener en voiture du prochain ravitaillement (qui est à deux kilomètres). Je lui répète ce que j'ai dit précédemment sur le fait que c'est pas si dur la fin et il en remet une couche en disant qu'on a quand même une sacré montée à se taper avant d'attaquer la descente vers Châtillon. Je le maudis un peu sur le coup et je repars en courant en motivant Lucie pour courir au moins jusqu'au prochain ravito. Elle a encore une bonne foulée et je trouve dommage de baisser les bras maintenant, surtout après tout ce qu'on s'est tapé. Je suis un peu étonné car quand j'ai bien étudié le parcours il me semble que le retour est le départ de la deuxième boucle de 2018 et que ça ne me parait pas si infernal que ça à affronter.

On arrive enfin au ravitaillement dans un joli petit village Drômois, le moral un peu dans les chaussettes et on explique nos malheurs aux bénévoles. Le médecin sur place dit à l'infortuné concurrent qui nous suit qu'il ferait mieux d'arrêter (il a une entorse depuis le 10ème kilo). Par contre, ils nous rassurent sur le fait qu'on a le temps de continuer et d'aller au bout de l'aventure. Ça remonte un peu le moral de Lucie. Je lui répète que la fin est vraiment moins dure et que ça serait vraiment dommage d'arrêter là. On refait le plein d'eau et je la motive pour repartir dans la foulée et de ne pas trainer.

On repart en courant sur la route. On manque de louper le chemin et heureusement le serre-file nous rappelle à l'ordre. Ça commence bien. :-) On a maintenant une côte assez facile et le parcours est toujours aussi magnifique. On arrive sur ma partie préférée avec le petit single en cailloux et à l'arche mythique où on fait la photo (obligés!). Cette partie est vraiment délire. J'adore. 


On a une bonne descente puis après une grosse montée de la mort. Je me souviens d'un coup qu'elle doit être vraiment dure car j'en avais bavé il y a quelques années dans elle était en descente et après la pluie. Je sens qu'il va falloir serrer les dents et motiver Lucie. Je lui dit que c'est la dernière et ça la booste. On a même des cordes à un moment et je sens qu'il est temps qu'on arrête le d+. Bon après c'est que de la descente et le passage de la ligne tant attendu.


On a deux serres-file avec nous maintenant et on attaque la descente assez rapidement. Je sais qu'elle est assez longue et pentue (je me rappelai d'elle en montée dans la deuxième boucle de 2018). Je sens que Lucie en a un peu marre là tout de suite mais elle court encore pas mal sous nos encouragements. On entend enfin le speaker et on voit les toits des premières maisons de Châtillon. C'est bon, ça va le faire ! On passe la ligne enfin avec un peu d'émotion après cette grosse balade bien dure. C'est quand même top ce qu'elle a fait comme première course post-bébé. Je me rend compte que j'avais mis la barre un peu haute pour un retour à la compétition.

On se jette sur les bières servies (comme d'habitude) par Super Mario (ça fait au moins 10 bornes que j'y pense). On discute avec Jack et il nous explique que de terminer sa course c'est déjà top car il fait exprès d'avoir des barrières dures car "ça n'est pas de la rando mais du trail". Je confirme que c'est un peu serré (mais je le savais !). :-) Au final, une jolie balade de 37k avec 2200m de d+ en 7h30.


Vraiment content de cette course, d'avoir partagé ça avec Lucie et de l'avoir amenée au bout. Elle me dit qu'elle ferait une petite coursette plus dynamique où elle finirait un peu plus devant. Ça doit se trouver (un jour?).