A l'automne 2024, en préparant mon calendrier de courses de 2025, je repense à la GFNY. L'an dernier avec un volume d'entrainement pas suffisant, cette cyclosportive avait viré en retraite de Russie à partir du 130ème (pile au départ de la dernière grosse difficulté le col de l'Herbouilly et dans la chaleur). Du coup je me mets le challenge de le finir en étant bien tout le long jusqu'à l'arrivée, quelque soit le temps et la place.
Dès l'hiver j'y pense même si les entrainements ne sont pas très longs vu les conditions climatiques. J'arrive quand même à faire des sorties entre 50 et 80 assez régulièrement avec des sensations qui s'améliorent. J'y vais tranquille et je n'attaque pas les bosses trop rapidement. Durant l'hiver je déménage à Crolles ce qui me permet d'avoir des températures plus clémentes et moins glacées ou enneigées. Je me trouve quelques parcours vers Crolles où je pose mes roues régulièrement. Tout se passe bien avec une bonne augmentation des kilomètres et un peu du dénivelée jusqu'au 13 avril où au retour d'une bonne sortie montagne en Belledonne en partie sous la pluie, je me prend un gros râteau sur un pont mouillé et avec une surface métal. Tout le côté gauche est touché (épaule, côtes, coude ouvert, hanche, genou et un doigt luxé et un autre bien amoché). Dégouté. Six heures aux urgences plus tard et le moral dans les chaussettes, je me dis que ça va être mal barré.
Du coup je me fait une vraie semaine de coupure pour remettre tout ça, enfin au moins une partie. Finalement, je pousse à dix jours de récupération et je reprend le vélo le jeudi d'après par une mini sortie. Cette semaine de reprise, je roule quatre fois en fin de semaine dont une fois 74 kms. Ca se passe pas trop mal à part que j'ai du mal à serrer le guidon à gauche et que les côtes sont douloureuses lorsque la route n'est pas bien lisse. Bon quand même c'est la reprise et c'est cool. Du coup je suis bien remonté pour reprendre l'entrainement et je m'y remet dare dare. Par contre je n'ai pas dépassé les 75 bornes et même si ça passe facile, c'est quand même même pas la moitié de la distance que je devrais faire le 25 mai. Quinze jours avant la course, je fais une sortie d'un peu moins de 5h et de 110 bornes avec du vent et du d+ qui se passe pas mal. Ça me rassure d'un coup même si je devrais faire 50 bornes de plus et surtout plus du double du dénivelée. Gasp.
La semaine avant la dernière semaine de récup, je fais une semaine à 200 bornes avec deux sorties de 75 (une en Chartreuse et une en Belledonne) et ça se passe nickel. Les watts, les pulses et les sensations sont vraiment bonnes et je peux être facile en montagne, ce qui me rassure. La semaine avant je récupère évidemment avec seulement 2 sorties tranquilles et moulinées. Le jour de la course arrive et la pression monte doucement. Finalement je ne suis pas si angoissé que ça. L'inconscient ! :-) Je récupère le dossard et le maillot obligatoire la veille au dernier moment. Au moins je pars en terrain connu et avec un parcours magnifique et je sais ce qui m'attend.
Le matin de la course j'arrive tôt pour ne pas stresser et trouver facilement à se garer pas loin de l'arrivée. Du coup j'ai plus d'une heure pour me mettre dans le bain et préparer tranquillou tout le matos. Vingt minutes avant le départ, je pars me placer dans les sas, plutôt vers la fin car ça se sert à rien de partir à toc vu mes objectifs. Ca part en descente (même si elle est hors-course, je sais que ça va partir vite). Le speaker annonce les stars au départ. Je sens que ça va encore envoyer du gros devant.
Après un clapping, on part en musique et comme prévu, je reste vigilant dans la descente (je suis même un peu toujours un peu angoissé suite à ma chute). La température n'est pas bien haute (je crois 3 degrés annoncés). J'ai juste mis des manchettes et un gilet sans manche light. Certains cyclistes ont sortie les tenues d'hiver. Je sens qu'ils vont chauffer plus tard. Ils annoncent 20 degrés dans l'après-midi et avec tous les cols, ça ira bien. J'ai rentré le parcours sur le compteur et ça m'annonce treize montées. Ça promet une belle balade. Le parcours n'a pas l'air d'avoir changé depuis l'an dernier et l'avant dernière côte est toujours Herbouilly qui est pour moi la plus dure du parcours. Pour le ravitaillement, je décide de boire tous les 10 kils et manger toutes les 30 kils. Après on adaptera suivant le parcours, les conditions et bien sûr la forme. J'ai pris un gel 'coup de fouet' pour la fin.
Jusqu'au pied du col de la Croix Perrin, c'est dense. Certains nous doublent au taquet (d'où ils sortent?) et d'autres commencent à souffler dans les premières côtes. J'y vais super cool jusqu'au pied de la Croix Perrin puis je prend mon rythme. Ce premier col se passe super bien. Je le connais vraiment bien et je sais qu'il se monte facile sans gros pourcentage. Je monte à côté d'un joli Spé SL7 qui mouline à mort. Avec mon 36 je ne mouline pas autant que d'habitude mais bon, ça passe sans difficulté (surtout comparé à mes côtes en Chartreuse ou Belledonne).

Ensuite on a une partie légèrement vallonnée pour plus de 30 bornes. Des groupes se forment et j'en suit certains sans me mettre dans le rouge. L'an dernier je m'étais mis un peu plus dans le rouge et je l'ai payé après et du coup je reste vigilant. Bon c'est sûr que ça aide quand même de rouler en peloton même si je n'ai plus l'habitude comme il y a presque trente ans quand je courais en Ufolep avec le SRVS. A un moment on laisse rentrer ceux qui font le 70 et on tourne à droite avec une petite côte un peu dure mais qui n'est pas longue. On a un ravitaillement après et je referai le plein du bidon. Je profite du parcours et je discute parfois avec des compagnons du parcours long. Il y en pas mal qui le font pour la première fois. Je les avertis qu'Herbouilly est le juge de paix et qu'il ne faut pas arriver rôti en bas.
Après une partie assez plate/faux plat on arrive en vue du Col du Rousset. Celui là est plus long et l'an dernier il y faisait assez chaud. En tout on a presque 20 bornes de montée même s'il y a une partie en descente jusqu'à Vassieux. J'ai un bon rythme et je remonte doucement. J'en vois déjà qui ne sont pas au mieux et je me dis que ça va être chaud pour rallier l'arriver vu ce qui nous attend après. Je passe doucement une jeune concurrente et on en profite pour échanger quelques mots. Ele me dit qu'elle loupe la fête des mères pour la GFNY. Je lui réponds qu'elle peut toujours y aller en arrivant. Je ne la sens pas convaincue. :-) Je gère bien les pulsations (moins de 135) et je suis toujours nickel. En haut de la première partie de la côte tout va nickel, on a le passage magnifique avec le long de la falaise. Je sais qu'on passera dans l'autre sens pour les Vercorsman en août. Je descend au taquet tout seul vers Vassieux et je rattrape quelques concurrents avant le village.
Après ce village historique de la résistance du Vercors, on tourne à gauche vers le col de la Chaux que je connais bien. Il est quand même assez raide et je monte tranquille. Je sais qu'en haut on aura un dernier ravitaillement avant Herbouilly et il faudra bien faire le plein. L'an dernier je n'étais déjà pas frais à ce ravitaillement. Là tout va bien. Je fais le plein comme prévu et je range mieux mes manchettes et ma veste sans manche que j'avais retiré en roulant. Je fais le plein de magnésium avec plein de bananes. Je sais qu'on va avoir une bonne descente et qu'après ça sera le gros morceau du parcours avec plus de 30 kils de montée (dont mon Herbouilly). Je ne peux m'empêcher d'y penser.
Je ne traine pas au ravitaillement et je descend vraiment vite mais tout seul et donc pas gêné par les autres concurrents. Tous les feux sont toujours au vert avant le dessert du parcours. Je sais que la remontée démarre au kilomètre 120 et qu'il restera que 41 kms mais pas mal de d+ (et surtout presque 30 bornes de montée sur les 41).
Après la descente on retrouve les gorges et ça remonte. Je sais que maintenant ça va être long et qu'il faut gérer. Le pourcentage n'est pas trop important et ça monte bien (bon j'imagine que les premiers sont sur la plaque au même endroit mais bon, comment dire ...). :-) Je me retrouve avec Antoine du GUC et on tape la discute dans la montée. On se passe et repasse et à un moment il s'échappe doucement. Je laisse filer pour suivre ma stratégie (et puis il est plus jeune, c'est normal). Il y a un tunnel interminable à passer avec le bruit des voitures qui résonne. Un peu pénible cette partie.
Vers le 133ème on a une petite descente et ensuite un bout de plat avant de reprendre la montée et surtout de tourner à droite vers mon col maudit. Bon cette fois tout va bien et l'allure reste régulière. On attaque enfin la partie dure du col avec 5 kils à 8%. Ça pique quand même mais en gérant ça passe pas mal. Je vois quelques uns qui craquent comme moi l'an dernier et j'ai mal pour eux car je sais ce qu'ils ressentent. Je monte régulier et toujours bien. Bon je ne l'aime pas plus (avec 140 bornes dans les pattes ça calme quand même). Après ces cinq kilomètres difficiles ça se calme et l'allure augmente. On approche doucement du dernier ravitaillement. Arrivé au ravitaillement un autre concurrent avec qui j'avais discuté vers le 60ème me dit que je n'avais pas menti et qu'il est content d'avoir géré comme je lui avais conseillé.
Du coup je ne reste pas et je repars vite en direction de l'arrivée. Il reste onze kilomètres dont une bonne partie de descente à part la petite côtelette pour rejoindre l'arrivée (mais bon franchement ça ne compte pas). En forçant sur le plat je sens que les crampes ne sont pas loin quand même (je suis à plus de quarante kilomètres au dessus de mon max de distance de l'année). Mais bon je suis quand même surpris d'être si bien et je sais que ça va le faire pour faire tomber les huit heures et finir proprement (objectif probablement atteint).
Après la descente vers Villard on tourne vers la Côte 2000 et on a deux kilomètres assez durs mais franchement ça passe facile. J'en double encore. J'en croise certains qui redescendent après leur arrivée. J'arrive enfin et je passe la ligne avec un grand sourire, content du parcours toujours aussi beau et avec des sensations assez exceptionnelles.
A l'arrivée je tombe sur une batterie de GUCistes qui ont fait des belles perfs. Franchement je n'échangerai pas une demi-heure de gagnée contre des sensations plus pourries. Ça a été une belle journée de vélo et être bien tout le long sur un parcours quand assez dur (et long), c'est vraiment cool et l'entrainement a payé. Ça remet confiance. Bon les 36 km/h de moyenne du premier laissent rêveur mais c'est un autre monde. :-D
Résultats : 161 kms, 3100 d+, 7h23'31, 464e/563, 20e 60-64/25.
Bon il n'y a plus qu'à valider ça sur triathlons à partir du 15 juin et surtout sur le Vercorsman fin août ! Qu'est-ce que c'est bô le Vercors !